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Le blog de Joss Beaumont
19 juin 2013

Danger piste cyclable !

Vélib'

Les vélib’ déraillent dans un roman de Marchand

Tous ceux qui ont rêvé, dans un moment d’égarement, de faucher un utilisateur de vélib’, de le coincer contre un trottoir et de lui faire payer son inconduite dangereuse, irraisonnée, suicidaire, perverse, malsaine d’un deux roues (non motorisé) en ville, vont savourer la dernière satire de François Marchand, artilleur en chef de la bien-pensance. « Cycle mortel » qui sortira, le 21 août, chez Ecriture solde douze années de gauche plurielle à Paris sur un mode enragé et désabusé. C’est drôle, puissamment argumenté, d’une mauvaise foi à peine exagérée, méchamment jouissif et terriblement nostalgique du monde d’avant, d’une société engloutie sous la connerie généralisée. Comme le chantait Reggiani, les loups ont envahi Paris, et leur enfer est désormais pavé de bonnes intentions. Dans cette allégorie corrosive, François Marchand pilonne sans relâche tous les poncifs d’une politique humaniste qui se transforme en régime totalitaire. Cette fable vélocipédique se passe en 2015. La Capitale doit faire face à une épidémie foldingue et inexpliquée : des dizaines d’abonnés vélib’ meurent sur le bitume parisien. Ils n’ont pas été écrasés, ni abattus, ni même empoisonnés, leurs corps inertes ne portent aucune trace de quelconques sévices. Branle-bas chez le Maire qui n’accepte pas que l’on s’attaque à sa « grande œuvre » civilisatrice. Car seuls les utilisateurs de vélib’ sont touchés par ce mal mystérieux. « Le Maire de Paris envisagea toutes les hypothèses pour sortir de la crise, sauf une : mettre fin au dispositif vélib’. Autant lui demander de renoncer à l’existence » souligne perfidement l’écrivain. François Marchand passe au vitriol tout ce qui l’agace, l’exaspère dans nos modes de vie urbains, déréglés et factices. L’enquête sur le taux de mortalité exagérément élevé chez les cyclistes en herbe n’est prétexte qu’à un grand défouloir. La force comique de Marchand, sa verve pamphlétaire, son bon sens déroutant explosent dans ce bilan sans concession sur une municipalité à la dérive et ses administrés sous sédatifs. Le roman permet toutes les fantaisies, toutes les outrances mais aussi toutes les vérités forcément dérangeantes. Si comme Marchand, vous êtes irrité par les bobos devenus  bogos (bourgeois de gauche), les blogueurs donneurs de leçons, la frénésie des sondages, les barbus à bicyclette, les manifestations victimaires, les tee-shirts à l’effigie du Che, l’emploi abusif des mots «  moderne » et « solidaire », les parades criardes, le droit-de-l’hommisme en bandoulière et l’art contemporain suffocant de prétention, vous allez être servi ! Les coups tombent. Les belles images dégringolent. Les rieurs sont aux premières loges. Marchand s’emballe quand il s’agit de fustiger la Fête de la Musique, ce vacarme assourdissant, ce bruit qui ne pense plus mais qui oppresse. Son passage sur « L'humanisme festivocrate » est truculent. Nous avons les moyens de vous faire chanter telle serait la devise de ce système qui oblige tout le monde à s’amuser, à être joyeux et (con)fraternel. Sous peine de sanctions ! Ce n’est pas un hasard si Marchand a mis un poème de Philippe Muray en exergue de son roman. Ames sensibles s’abstenir. Tout le monde y passe, les écolos, les édiles municipaux, les flics, les cadres perdus avec cette régalade « Pour être cadre, il faut être un crétin sûr de soi ». Dans cette marée nauséabonde, quelques figures de résistance surnagent. Un clochard céleste, un écrivain dépité, puis cette rencontre entre deux dinosaures, deux survivants de cette « bonne vieille » Lutte des Classes, loin de la com’ à outrance et du foutage de gueule organisé esquissent un  maigre espoir dans cette ville vide de sens. Ce député de droite baiseur, arrogant, vivant en somme et ce stalinien à la retraite que tout devrait opposer, se retrouvent sur le terrain de l’insoumission. Vous l’aurez compris, Marchand pratique une littérature qui exècre les bons sentiments. C’est un signe de vitalité…

 

Cycle mortel - Roman de François Marchand - Ecriture - Sortie en librairie le 21 août -            

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